La dernière question posée fut de connaître si des éléments pouvaient améliorer ou freiner la prise en charge de patients à risque afin de déterminer si des expériences personnelles ou professionnelles avaient un impact sur cette prise en charge.

Les trois infirmiers interrogés n’ont travaillé qu’au SAU, ils n’ont donc pas d’expérience sur d’autres services.

Leurs réponses ne concernaient que principalement les expériences qui pouvaient améliorer la prise en charge, seul l’Ide 1 a rapidement évoqué ce qui pourrait freiner la prise en charge, « ce serait le manque de souplesse »

L’Ide 1 a évoqué son stage à la maison d’arrêt, « parce que c’est un peu ce style là aussi » dans la prise en charge des patients violents ou à risque, car il devait être « sur le qui-vive aussi, faut faire attention, parce qu’on ne sait pas comment peuvent réagir les gens ». L’Ide 3 évoque la « formation agressivité » dispensée par l’hôpital « qui peut donner des pistes ». En effet, cette formation a pour but d’aider le personnel à faire face à des situations d’agression, elle est destinée à tout le personnel de l’hôpital et également à celui des hôpitaux alentours.

Les deux infirmières interrogées mettent en avant la mixité dans les équipes, ce qui, d’après l’Ide 3, « permet d’avoir un juste milieu » car selon l’Ide 2 « le fait que l’on soit un homme ou une femme, le rapport va être complètement différent ». Effectivement, une mixité dans les équipes soignantes, singulièrement aux urgences, permet de déléguer lorsque cela peut s’avérer nécessaire et particulièrement lors d’une situation délicate telle que la négociation face à de l’agressivité ou de la violence.

Les trois infirmiers mentionnent l’expérience professionnelle dans le service, ou l’ancienneté, comme élément important d’une prise en charge d’un patient à risque. D’après l’Ide 1, « on se fait avoir une fois ou 2 mais après on ne se fait plus avoir », de même que l’Ide 3 qui dit que « l’expérience est importante » et l’ide 2 invoque l’assurance qu’elle a prise « avec l’expérience […] et je n’irais pas me confronter à la violence, mais je serais plus ferme avec les patients ».

Par ailleurs, l’Ide 3 affirme que l’apprentissage auprès de ses collègues joue un rôle important dans la prise en charge de patients à risque, « tu apprends aussi avec tes propres collègues, tu en as qui vont pas voir les choses de la même façon et qui vont  t’apporter des petits plus, c’est une profession où tu apprends tous les jours ».

Elle conclue l’entretien en témoignant que « la notion d’équipe est importante », cela montre bien qu’un service, particulièrement les urgences, nécessite d’avoir une équipe soudée pour faire face à l’augmentation croissante de la violence, verbale et physique, envers le personnel soignant.

Impact sur le soignant

Je me suis interrogée sur l’impact que cela pouvait avoir sur les soignants dans le but  de comprendre leur ressenti face à cela et les émotions qu’ils pouvaient exprimer.

L’Ide 1 a uniquement exprimé  la « crainte […] de se faire taper dessus ». Les deux autres infirmiers ont abordé plus en profondeur cette thématique.

Ils évoquent facilement le fait que « ce ne sont pas des choses qui sont faciles à vivre » pour l’Ide 3. « Même une agressivité verbale ça te touche » exprime l’Ide 3 et « même si tu te dis que c’est pour la blouse, tu sais que tu es quand même dans la blouse, et ça te touche quand même un peu » d’après l’Ide 1, cela montre que malgré la distance qu’ils essaient de mettre en place face aux patients violents, l’agressivité, notamment verbale, les atteint en temps que personne.

L’ensemble des expressions qu’ils utilisent pour répondre à la question montre bien la fatigue qu’ils éprouvent et leur lassitude face à ces situations, « c’est épuisant », « c’est pesant », « tu en as un peu marre », « raz le bol », « on doit être sur le qui-vive en permanence », « c’est un peu trop banalisé », « ça alimente le stress » …

Une phrase revient souvent dans leur discours, « on n’est pas là pour se faire insulter, se faire taper dessus », elle illustre leur sentiment d‘impuissance face à la violence qu’ils peuvent subir au quotidien.

L’Ide 3 précise que « selon si tu es fatigué, si tu n’es pas bien, tu ne prends pas les choses de la même façon, des fois ça va te passer au dessus et puis quand tu en as 4-5 dans ta nuit, bah tu en as un peu marre », ses propos montrent que l’état physique ou psychologique du soignant peut jouer un rôle important lors d’une prise en charge d’un patient à risque violent.

L’Ide 1 et 3 ont révélé que la prise en charge d’un patient violent pouvait impacter sur les autres patients pris en charge au même moment aux urgences, l’Ide 1 pense que « ça a un impact sur la prise en charge des autres patients aussi » et d’après l’Ide 3, le fait de prendre en charge ces patients, et particulièrement s’il y a nécessité de les contentionner, « prend beaucoup d’énergie, de temps, au détriment des autres patients ».

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