La seconde question posée fut de savoir leur définition de patient à risque aux urgences, ce que cela leur évoquait, me permettant de la comparer avec la notion que je me représentais.
Au cours des trois entretiens, ils ont évoqué deux types de patients à risque. Pour l’Ide 1 et 2, les patients dits à risque sont ceux présentant un risque infectieux c’est-à-dire « les patients contagieux qui peuvent être porteurs de germes » et ceux à risque d’être violent tels que les toxicomanes, les personnes alcoolisées ou les troubles psychiatriques. Pour la troisième infirmière, le patient à risque est celui qui « est agité et agressif » et celui qui présente « une pathologie assez lourde », ce point de vue est accentué du fait qu’elle soit IAO car elle a un rôle d’accueil des patients et est donc en première ligne à l’arrivée de ceux-ci. Elle définit les pathologies lourdes comme « par exemple une hémorragie » ou « ceux qui ont un risque médical et qui craignent, qui sont sur le fil » car « la plupart du temps ils vont au déchocage ».
La notion de patient à risque qui ressort des trois entretiens est donc le patient à risque de violence.
Particularités de la prise en charge des patients à risque
Une de mes questions concernait les spécificités ou les particularités dans la prise en charge des patients à risque, afin d’identifier les différentes particularités que peuvent amener la prise en charge d’un patient à risque selon les infirmiers interrogés.
Les Ide 1 et 2, concernant la prise en charge des patients à risques infectieux, mettent en avant « les précautions complémentaires par rapport à tout ce qui est transmission » selon l’Ide 1, précautions que l’on doit mettre en place lorsqu’un patient est BMR ou BLSE par exemple, pour nous protéger. L’Ide 2 parle également des « patients en isolement protecteur » tels que les patients immuno-déprimés qui peuvent être pris en charge aux urgences et dont les précautions servent à les protéger de l’extérieur.
Concernant les patients à risque d’être violent, le premier élément qui ressort, est la contention notamment physique pour les trois infirmiers interrogés et la contention chimique pour les deux infirmiers jeunes diplômés, « on utilise très souvent les contentions », « que ce soit contention physique ou chimique ».
L’Ide 3 met en avant le fait que « c’est plus difficile à gérer parce qu’il faut être plusieurs pour pouvoir les maintenir pour mettre les attaches » et elle évoque, également, les forces de l’ordre comme particularités de prise en charge afin de pouvoir gérer certaines situations, « des patients […] qu’on ne peut pas gérer donc on appelle la police ». Elle invoque, également, le fait que le SAMU les « appelle de temps en temps pour nous prévenir quand la police ou les gendarmes sont sur place, pour qu’on prépare les contentions », cette remarque s’explique de par son statut d’IAO
La notion de négociation est également évoquée par les trois Ide. D’après l’Ide 2, le personnel soignant « essaie toujours de commencer par la négociation » et « si cela ne suffit pas, on passe la main aux collègues ». L’Ide 3 évoque cela également, « on essaie quand même d’argumenter, de parlementer avant d’arriver à ce geste là ». Selon eux, la négociation a une part importante dans la prise en charge des patients et est souvent utilisée malgré que cela n’ait pas toujours l’impact escompté.
L’Ide 1 met en avant l’utilisation d’un compromis avec certains patients, « des fois, on leur fait un peu attendre la carotte du style si tu ne fais pas de bruit, tu vas pouvoir aller fumer », ce qui peut les amener à se calmer ou à éviter que la violence, notamment verbale, ne s’accentue.
Différence jour/nuit face à des patients à risque
Durant le premier entretien, l’Ide 1 a spontanément évoqué la différence entre le jour et la nuit dans la prise en charge des patients violents. Or, au départ, la question de cette différence ne faisait pas partie de mon guide d’entretien. J’ai donc, décidé, d’intégrer cette question dans mes autres entretiens.
Les trois infirmiers ont identifié une différence entre le jour et la nuit. Dans un premier temps, ils ont tous identifié que les patients à risque étaient plus souvent pris en charge la nuit « la nuit, c’est déjà qu’on en a plus que le jour » selon l’Ide 3. D’après l’Ide 1 « ça arrive plutôt le soir car c’est là qu’il y a le plus d’alcool, […] même des décompensations psychiatriques », l’Ide 2 le remarque également, « la nuit forcément on a beaucoup plus de patients alcoolisés, fin tout ce qui est fin de soirée […] qui arrivent dans la soirée alors que dans la journée, il n’y a pas forcément toute cette population là », ils mettent en avant la population alcoolisée qui arrive régulièrement aux urgences et notamment en fin de soirée.
L’Ide 3 confère que, pour elle, la prise en charge « reste sensiblement la même ».
L’Ide 1 et 2 mettent en avant des différences par rapport au personnel soignant, « de nuit, c’est une équipe plus restreinte », « de jour, ils sont plus nombreux », « [de nuit] on est une équipe restreinte, dès qu’il y a un agité, c’est pour ta pomme » selon l’Ide 1, ce que confirme l’Ide 2 en précisant que « le jour il y a plus d’effectif […] les contenir c’est d’autant plus simple ». Elle met en avant le fait que « la nuit […] ils sont obligés […] d’être plus fermes dans leur propos et dans leurs actes ».
Pour en savoir plus :
- La violence aux urgences
- La nuit aux urgences – une population à risque ?
- Définition du soignant face à la prise en charge d’un patient à risque aux urgences
- Définition d’un patient à risque
- Le patient à risque aux urgences
- Phase exploratrice du mémoire sur la prise en charge d’un patient à risque aux urgences
- Expériences qui améliorent ou freinent la prise en charge d’un patient à risque aux urgences
- Conclusion Mémoire sur La prise en charge d’un patient à risque aux urgences
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