Un mouvement dynamique mais sujet à des difficultés internes.

Le mouvement bénévole, composé de nombreuses associations ayant pourtant quelques différences, a un socle commun, celui du désir de secourir son prochain ou de lui venir en aide. C’est un engagement fort, tant par le sens que cela revêt que par le temps qu’un bénévole doit y consacrer. Toutefois, ce mouvement complexe à appréhender doit faire l’objet d’une attention particulière pour qu’il ne s’essouffle pas. Il va en va de la survie de notre modèle de sécurité civile. L’Etat à une responsabilité d’action comme les administrateurs de chacune de ces structures, garants de l’équilibre de ce mouvement associatif, très sollicité et vital aux secours français pour assurer leurs réponses en tout temps, sur tout évènement et en tous lieux.

Un dynamisme nécessaire propre au milieu de la sécurité civile.

Le noyau de bénévoles des associations est important comme nous avons pu le voir précédemment. La raison est que ce mouvement attire, autant pour rendre service qu’apporter un soutien et, très certainement, grâce à la communication de plus en plus importante envers ces structures, à l’aide des médias locaux et/ou nationaux mais également par le gouvernement à travers différentes campagnes de communication ou sensibilisation, mettant en avant ces associations. Ces bénévoles, dont l’âge moyen est estimé entre 30 et 40 ans, sont pour la plupart des jeunes ou de jeunes retraités garantissant une capacité opérationnelle. Il est à noter qu’une majorité de ces bénévoles ont une activité salariée en lien avec le milieu, souvent en tant qu’agent de sécurité incendie, aide soignant, infirmier, ambulancier ou encore sapeur pompier. Ces bénévoles, dévoués à la société reflètent les valeurs communes des différentes associations pouvant être qualifiées de véritables lieux de socialisation et d’apprentissage du vivre ensemble sans oublier la solidarité, valeurs fortes pour tous. Être bénévole secouriste, c’est s’engager et nécessairement consacrer du temps comme un réserviste le fait. Il doit se maintenir à jour de ses compétences et diplômes en se rendant chaque année à des sessions de formation continue et des exercices ou manoeuvres permettant d’assurer une capacité opérationnelle constante. Outre la formation initiale et continue, il prend part régulièrement aux activités de sécurité civile telles que les dispositifs prévisionnels de secours ou opérations de secours.

Ces activités parfois contraignantes en raison de leur durée, de la période (vacances scolaires ou soirées/nuits) ainsi que les déclenchements sur des plans de secours peuvent rendre l’engagement plus difficile. Certaines activités professionnelles ne le favorisent donc pas, l’employeur estimant ne pas pouvoir libérer son salarié, ce dernier étant donc dans l’obligation de prendre ses jours de congés ou sans solde pour répondre à son engagement.

Le bénévole est un homme de terrain, sur lequel l’Etat peut compter dès lors qu’il en exprime le besoin sans contrepartie financière puisque son action est bénévole. Un défraiement intervient parfois à leur demande mais le mouvement ne revendique pas une compensation financière, les acteurs étant pour la grande majorité altruistes. A titre d’information, 3 millions d’heures secouriste ont été réalisées en 2010, représentant un coût estimé à 80 millions d’euros selon la valeur estimée de 25 euros de l’heure par secouriste, proposée par la Croix Rouge Française. Ce dynamisme est également la résultante des cadres de ces associations, qui de part leurs expériences, la connaissance du milieu et la prise en compte de l’évolution des risques et des interventions entreprennent le développement de leurs procédés opérationnels et des matériels. Des exercices spécifiques vont avoir lieu, de nouvelles formations sont mises en oeuvre pour maximiser la réponse opérationnelle et la formation des bénévoles, des matériels spécifiques vont être développés. Les grandes fédérations mènent également un travail d’évolution de leur organisation interne pour une fois de plus améliorer la réponse opérationnelle comme c’est le cas avec la Fédération Nationale de Protection Civile qui depuis deux ans, amène petit à petit une organisation opérationnelle zonale se calquant ainsi sur l’organisation étatique et ses zones de défense. Toutefois, l’Etat laisse la pleine initiative à ces organisations malgré le rôle qu’elles détiennent dans la réponse de sécurité civile, signe de confiance et de reconnaissance comme acteur de la sécurité civile française. L’Etat n’intervenant pas dans la gestion de ces structures, certaines faiblesses sont parfois relevées.

Le bénévolat : un recrutement difficile.

Malgré les grandes qualités détenues par les bénévoles de sécurité civile et l’importance de ces structures, des problèmes de fond apparaissent dans la gestion de ces structures. La première difficulté résulte dans le recrutement de nouveaux bénévoles, important pour assurer les missions. En effet, certains freins sont importants comme le défaut de communication de certaines structures ne permettant par d’inciter la population à s’engager. Ce manque de communication engendre des difficultés plus grandes car sans recrutement c’est l’ensemble des missions qui se retrouve en difficulté suite au manque de personnels. Elles ne peuvent plus couvrir la demande croissante, les contraignant à un développement très lent. La deuxième difficulté concerne le coût individuel de l’engagement. Il est souvent nécessaire de détenir le premier diplôme de secourisme grand public, le Premiers Secours Civique de niveau 1 au tarif de 60€. Le bénévole doit par la suite passer d’autres diplômes de secourisme pour être qualifié comme secouriste et se mettre à jour tous les ans, engendrant un coût supplémentaire lorsque cette formation n’est pas prise en charge par la structure d’accueil. D’autres frais viennent s’ajouter comme celui de la cotisation annuelle, de l’uniforme, du transport pour se rendre dans les locaux de l’association ainsi que la possible perte de salaire lors d’un déclenchement sur un événement majeur qui dure dans le temps lorsque l’employeur exige des journées sans solde pour y prendre part.

Enfin, comme le mentionne le rapport de l’IGA sur le bénévolat de sécurité civile, la question des risques qu’encourent les bénévoles lors des missions se pose et notamment l’engagement de leur responsabilité civile ou pénale lors de la prise en charge des victimes. Cette crainte, combinée aux autres difficultés vient freiner le recrutement des bénévoles. Il est alors important de fidéliser les bénévoles en interne pour que les associations s’assurent de pouvoir se reposer sur un vivier. Cette fidélisation passe par la satisfaction du secouriste en lui permettant d’intervenir avec du matériel qu’il estimera de qualité par exemple, lui proposer d’autres activités comme des exercices pour le motiver à poursuivre ou encore la possibilité d’évoluer à différents poste de responsabilité pour avoir une projection de carrière au sein de la structure.

Les associations doivent trouver des moyens de poursuivre le recrutement, important pour rester un acteur tel qu’il est actuellement dans le modèle de sécurité civile, véritable réserve de l’Etat en cas d’événement majeur.

Une gestion parfois décalée laissant apparaître quelques dysfonctionnements.

La gestion que connaît certaines associations laisse apparaître quelques manquements voire disfonctionnement, tant sur le plan administratif que décisionnel. L’administratif est bien souvent délaissé au profit de l’opérationnel pourtant nécessaire à son bon fonctionnement et à sa pérennité financière et d’action auprès des pouvoirs publics. Il permet de traiter les demandes d’agréments, la gestion de son personnel et la communication pour recruter.

Concernant les aspects décisionnels, le principe de démocratie comme normalement prévue dans le cadre des associations de loi 1901 n’est pas toujours respectée au profit d’anciens membres bien souvent fondateurs ou investis depuis de nombreuses années démotivant les dernières recrues par certaines formes d’immobilisme. Les conséquences peuvent être nombreuses comme le déclin de l’association et à terme l’incapacité de répondre aux exigences de l’agrément de sécurité civile et par conséquent un désengagement auprès des pouvoirs publics.

La mise en place d’un contrôle exercé par les fédérations ne fait pas non plus l’unanimité auprès des délégations départementales et/ou locales, pourtant prévue dans la loi de modernisation de la sécurité civile de 2004 afin d’assurer la qualité des intervenants et le respect des règles prévues. C’est toute la difficulté du mouvement bénévole de sécurité civile qui est ici mis en lumière. Pourtant la loi de 2004 avait vocation à établir « l’équilibre entre liberté associative et régulation » pour atteindre des garanties de compétence, sérieux et d’engagement en cas de sollicitation permettant d’avoir un visuel sur les moyens de sécurité civile de façon précise. Pourtant l’objectif est simple, garantir la capacité opérationnelle et le renforcement des relations avec les pouvoirs publics. Conscients de l’enjeu, les acteurs majoritaires souhaitent alors renforcer l’intervention de l’Etat afin que les règles soient respectées permettant de poursuivre le modèle de sécurité civile et notamment les associations comme véritables auxiliaires des secours publics.

Une force sollicitée en temps de crise mais oubliée en temps de paix

La force que représente les associations est mise à l’honneur dès lors qu’une crise survient et fait l’objet de nombreuses mobilisations comme ce fut le cas en 2015/2016 lors des attentas survenus à Paris et à Nice, mais aussi à l’occasion des dramatiques inondations qui ont touchées le sud de la France ainsi que la Région Centre et l’Ile de France ou lors de la recherche du jeune Marcus, disparu dans le département du Val d’Oise. Mais une fois l’évènement traité, les associations poursuivent leurs missions, bien souvent en totale indépendance, délaissées par les pouvoirs publics pourtant chargés de la régulation et du contrôle de leurs missions ainsi que du maintien de leur capacité opérationnelle.

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